Petite mise au point concernant la fermeture de la maison de la femme à Tena

Il y a tout juste une semaine sortait un excellent article de Silvia Buendia dans un journal national. Dans cette article, il était évoqué la situation des femmes en Amazonie, les violences qu’elles y subissent et les chiffres officiels concernant cette violence. Il y était également évoqué sur quelques lignes et à la fin de l’article, la possible fermeture de la maison de la femme à Tena.

Cela a eu un retentissement national, au point de vue politique mais également social. La mairie de Tena ainsi que le développement social ont démenti la nouvelle de la fermeture de ce centre d’appui pour les femmes. Nous avons même eu un rendez-vous avec le chef du développement social et une partie du personnel pour nous dire que nous avions été mal informé et qu’il n’avait jamais été question de fermer ce lieu si important. Pour finir, nous avons même trouvé un accord pour travailler conjointement sur les prochaines ordonnances concernant les violences et la maltraitance.

Tout cela est très bien. Vraiment. Mais il y a quand même quelque chose qui nous choque dans tout ça. En Amazonie, ce sont près de 7 femmes sur 10 qui sont victimes de violences. 78% le sont par leur conjoint ou ex-conjoint. Il apparaît important de le rappeler car finalement, tout le monde s’est focalisé sur la fermeture du centre et en a oublié l’essentiel : les femmes et le calvaire qu’elles subissent. Dans le même journal, le même jour, il était évoqué l’histoire d’une femme qui avait sauvé ses enfants malgré son abdomen ouvert. C’est tellement courant que l’on précise en tout petit que c’est son mari qui l’a poignardé. C’est tellement courant que cela ne fait plus réagir personne. Le lendemain, un excellent reportage sur Ecuavista parle du feminicidio comme on l’appelle, en français, la femme tuée par son mari. Elle évoque les chiffres en augmentation. Il parle de 50 femmes assassinées entre janvier et août 2015 et 54 femmes assassinées entre janvier et août 2016. Une augmentation donc. Et dans ces chiffres dit « officiels » , il ne faut pas oublier les chiffres réels qui eux sont au-dessus de ce que l’on nous présente.

Bien entendu, il y a toutes celles qui n’ont jamais porté plainte, toutes celles qui ont peur, toutes celles qui ont déjà fini dans la rivière dans l’indifférence générale. Et pour revenir encore une fois sur ces chiffres, toujours des chiffres. Mais derrière ces chiffres ce sont des familles entières qui sont touchées, des centaines d’enfants qui se retrouvent orphelins… Pendant un instant, nous aimerions rappeler la situation dramatique non seulement en Amazonie mais également dans tous le pays, nous aimerions rappeler que ce sont des êtres humains que l’on assassine impunément et sans que cela ne fasse autant de bruit que le fait de fermer « la casa de la Mujer »

Voilà la raison pour laquelle nous luttons pour créer ce premier refuge ici en Amazonie. Nous sommes bien entendu prêts à travailler avec tous ceux qui souhaitent nous aider à le créer. Pour que cette violence ne soit plus ordinaire, pour que cette violence ne soit plus si commune qu’elle soit affichée comme un fait d’hiver dans les journaux, pour que cette violence choque encore plus que la fermeture d’un centre pour femmes et qu’elle donne envie de véritablement changer les choses. Parce que « #NiUnaMenos !

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